Humeur matinal...

Pas envie de me lever… de sortir de cette couche douillette et rassurante où je suis lové, pour aller me jeter sous le jet glaciale d’une douche qui m’agresse autant que la claque de l’obstétricien qui m’a accouché.
Pas envie, ce matin, de ce rituel que j’affectionne tant, qui consiste à choisir et revêtir mes habits…
Pas envie de rejoindre dans leur périple matinal, ce flot intarissable de banlieusards encore somnolents qui grouillent, jaillissent des rames de trains tel des larves s’extirpant de chairs en putréfaction… Ils s’enlacent, se cognent, s’entrechoquent et s’éparpillent dans un ballet grotesque et incohérent, pour s’engager dans les profondeurs du métro.
Pas envie de réfléchir, pas envie de m’abrutir de chiffres, de pourcentages et de graphiques.
Pas envie de croiser les regards sans vie de mes collègues, "les laquais de la finance", dans les couloirs feutrés du bureau.

… Au téléphone, je balance "sans gloire", un ignoble bobard à mon boss qui me permet tant bien que mal, de rester déprimer à domicile en regardant de ma fenêtre les premières feuilles mortes tomber.

Déprime...


J’ai essayé de ne plus exposer sur cette page ce que je vis, ce que je ressens ! Oui, j'ai bien essayé durant ces quelques mois de me persuader du fait que si je n’écrivais plus rien sur mes doutes, mes peurs ou mon putain de quotidien, c’est que dans mon incessante poursuite du bonheur, j’étais tout prêt du nirvana !

Fuck off !
J’ai eu tort d’y croire !

Ignare, semble t-il, en matière de sentiments, perpétuellement en attente de réponses qui ne viendront sans doute jamais sur le sens de la vie, sur le sens de ma vie... me nourrissant exclusivement de ma déliquescence, je me remets à taper des "maux" (sans suites) sur le clavier de mon Vaio, et arrête de courir après une inaccessible plénitude à la manière d’un puceau acnéique en quête après sa première baise.



Mardi...



Elle quitte la maison en claquant violemment la porte. Cette façon brutale de couper court à une discussion qui n’a que trop duré me fait un peu chier mais finalement, le fait qu’elle mette un terme à cette connerie de dispute est un véritable soulagement. On s’engueulait déjà depuis plus d’une heure, et nous étions indiscutablement en manque de saloperies à nous balancer à la figure. Bref, si Sofia n’avait pas bassement fuit notre foyer pour échapper à ma vindicte… il est fort probable que "mes" cendriers Hermes et "son" Baccarat se seraient retrouvé en milles morceaux sur le sol.
Cette foutue engueulade m’a mis chaos. J’ai le vertige, les mains moites…
...C'est toujours la même histoire !! Quand nos "humeurs" se dissipent, je ne me rappelle jamais le pourquoi de ces cris, de toute cette hystérie ! Seuls, restent imprimés dans mon esprit ces instants effrayants ou tout bascule. Quand, tout ce qui constitue ma personnalité, mon originalité, devient "excuse" pour qu'elle me déteste... ce moment ou subitement, elle ne voit en moi qu'un p'tit connard !…Quand la haine se substitue aux sentiments amoureux...
Dans de pareils instants, on a vite fait de rechercher dans le désordre de son passé, une excuse à ce qui pourri notre présent. Pour ma part, j’avoue m’être pris les pieds dans une vision absurde, imprudente et dénaturée de la vie, telle que je l’ai lue, rêvée dans mes lectures d’ado, buvant littéralement les ouvrages suavement romantique de F.S Fitzgerald ou d’E.M Forster.
Bon sang ! Ces dix dernières années ont défilées à vitesse grand V.
Il m'est dur d’admettre que je suis devenu prisonnier des efforts que j'entrepends dans l'espoir d'être heureux ! Ma vision, fondamentalement optimiste de l’avenir, est bizarrement proportionnelle au pessimisme de mon quotidien... Sentimental, idéaliste, passionné, je suis aussi devenu au fil du temps, pour ma compagne, une saleté d'autocrate !!!Au bout de la rue, la silhouette de Sofia a complètement disparu. Croyez-le ou non, mais juste avant qu’elle ne franchisse le seuil de la maison, au moment où sa colère et ses frustrations commençaient à déformer les traits si réguliers de son visage, mon sexe s’est mis à se tendre dans mon jean ! Pourquoi faut-il toujours que dans ce genre de joutes verbales où l’on se jette à la tête une avalanche d’injures, mon corps soit toujours en décalage avec mon esprit.Je n’ai pas vu le mal venir, nos divergences s’installer.
A la naissance de Prune tout s'est accéléré et la métamorphose de Sofia, d’amante en mère, n’a rien arrangé ! Pour des tas de raisons , j’ai détesté cette garce procréatrice...Avant que mon esprit conçoive combien il serait stupide que je la perdre, elle réapparaît aussi soudainement qu’elle était partie. Alors qu’elle se jette dans mes bras, il me vient à l’esprit une phrase de Sacha Guitry, qui dit à peu près ceci : ce qui fait rester les femmes à nos cotés, c’est la peur que l’on soit tout de suite consolé de leur départ.
Hé, hé !! Quel beau salaud, je fais !Quand elle s'arrête près de moi, une traînée de FlowerbyKenzo remonte jusqu’à mes narines et fait exploser dans mon cerveau, une myriade de souvenirs licencieux. J’ai envie d’elle, tout de suite… maintenant sur le carrelage !
Mais… merde ! Pourquoi faut-il que dans ce genre de situation où rien ni personne ne peut mettre en doute le fait qu’en fin de compte nous nous aimons, mon corps soit toujours en décalage avec mon esprit…


(La grande chance qu’on les gens mariés, c’est qu’ils ont quelqu’un contre qui se blottir - Frédéric BEIGBEDER)

Repas chez Claire et Alain.


Belle table, cuisine agréable, bons Bordeaux, Champagnes rosé...
Étaient présent deux divorcés en passe de se mettre en couple :
Sandrine, prof et Greg, responsable de formation.

Extrait :

- Franchement, les hommes sont vraiment très différents des femmes !!
- Oui, les hommes ont un pénis... les femmes, un vagin et des seins !!!

Samedi matin


Lassé de me retourner de droite à gauche dans l’étroitesse du canapé ou j'ai une nouvelle fois passé la nuit, j’ai été rejoindre aux premières lueurs du jour, Sofia mon épouse, dans la tiédeur de notre lit.

Vers 10h00…
Je me réveille avec la bouche pâteuse et une terrible envie de baiser. Vie de merde, me dis-je en me mordant excessivement les lèvres. Je sais pertinemment qu’il est impossible d’obtenir quelques attentions de ma tendre épouse avant son sacro-saint petit-déjeuner dominical. Du coup, en prenant bien garde à ne pas croiser ma fille dans les couloirs, je me précipite dans notre salle de bain pour tenter de faire disparaître sous une douche froide cette monstrueuse érection qui déforme mon caleçon.

PUTAIN DE MERDE !! Dans la précipitation, je me suis ébouillanté la queue !!

Les larmes aux yeux et le sexe entre les mains, je me suis dis que ce devait être très certainement mon châtiment pour avoir sodomisé Kelly THIEBAUD, cette nuit dans mon rêve… Quelle bizarrerie !! C’est sans doute parce que cette semaine, j’ai croisé David GUETTA en allant déjeuner que j’ai rêvé ainsi à l'égérie de ses derniers clips vidéos !...

Heu ! Qui dois-je croiser pour obtenir une fellation d’Alessandra SUBLET?

Lou


Lou est une jolie brunette de 24 ans au visage d’éternelle adolescente, un sourire d’ange qui fait oublier un attristant 80B et un insuffisant mètre soixante… Quand nous allons déjeuner au "Carpe Diem", notre cantine du moment, je rase les murs vérifiant à chaque pas, qu’un flic des mœurs ne m'ait été personnellement attaché, guettant le moindre geste ambiguë qui lui donnerait un prétexte pour me plaquer contre le mur et me passer les menottes !!
Sa beauté typiquement latine me remet inexorablement en mémoire mes années fac. Plus précisément, les moments que je passais l’été dans le jardin du Luxembourg à l’ombre des palmiers, attendant mon prochain cours de littérature. Assis dans un de ces immuables et inconfortables fauteuils de métal olivâtre typique du "Luco", je restais des heures le cul endolori par l’inconfort de ma position, à observer les multiples clones de Sophie Marceau qui pullulaient à la Sorbonne, et que je rêvais de déflorer !!!
Avec son adorable minois et son air de ne pas y toucher, Lou, sans s’en douter ravive mon fantasme d’étudiant, réservé et boutonneux : la femme-enfant. Une "chimère" que j’ai pourtant réussi à "personnifier" en me mariant avec Sofia. Avec le recul et quelques années de mariage, je crois que si c’était à refaire, je préfèrerais m’extirper un œil de son orbite à l’aide d’un tison brûlant plutôt que de "toucher" du doigt ce mythe.
Ouais, j’aurais dû convoler en juste noce avec une "pure garce".Ange, Démon... Représentation "idyllico-fantasmaco-personnelle" de la gente féminine ? Est-ce mon coté "machoquis’ignore", qui fait que je classe les femmes en deux catégories (réductrices ?) : la virginale ennuyeuse prude, adepte des allumages de bougies parfumées et des roucoulades au clair de lune ; de l’autre coté la bandante salope, acide dans ces propos, emmerdeuse, tranchante dans ses propos, dure et directe dans l’expression de ses sentiments ? Mouais… débat séculaire et sans fin auquel je ne souhaite pas (pour le moment), apporter ma pierre !
Pour en revenir à notre stagiaire, elle est "mon" rayon de soleil. Sa licencieuse candeur, son obscène et sexuelle gentillesse exalte mes "putains de journées de travail", me fait oublier le stress du quotidien, la crise financière et ses implications sur l'économie réelle.

…A la maison où le mot "baise" a tout du concept publicitaire, Sofia dont la jalousie augmente proportionnellement à sa libido qui s'étiole au fur et à mesure que notre fille grandit, hésite à me passer les couilles au presse-purée.

Au bureau...


Comment ais-je pu laisser les apparences dicter ma vie à ce point? On dit souvent qu'"il faut sauver les apparences". Moi je dis qu'il faut les assassiner car c'est le seul moyen d'être sauvé. (F. Beigbeder, L'amour dure trois ans)

7h38
Je me mire dans le gigantesque miroir aux dorures ostentatoires qui trône dans le vestibule de SF, la société où je bosse. Je ne peux m’empêcher d’être bêtement satisfait de l’image élégante et luxueuse que je renvois. Mon uniforme de travail est un costume HACKETT Bespoke à rayures tennis. Chemise blanche sur mesure WILLMAN à col napolitain et double boutonnage, cravate en twill de soie à motif caviar HACKETT. Bretelles à pattes, en soie noire Ralph Lauren. Mi-bas sombres de chez Gallo et Richelieus "Anthony DELOS" noires, à bouts glacés…
C’est ainsi chaque jour de la semaine ! Je suis ce que je porte, c'est-à-dire : rien !! Une personnalité sans intérêt ! Je me pare de frusques horriblement chères pour dissimuler à ceux qui me côtoient l'insignifiance de ma vie !
Blasé, rongé par la lassitude, plein d’une lâcheté qui m'empêche d'être "Moi", je me réfugie dans ce qu’on appelle la bienséance ; une bienséance de façade qui m’empêche de tout foutre en l’air !
Alors ?
Alors… je continue de me mater en souriant.