Au bureau...


Comment ais-je pu laisser les apparences dicter ma vie à ce point? On dit souvent qu'"il faut sauver les apparences". Moi je dis qu'il faut les assassiner car c'est le seul moyen d'être sauvé. (F. Beigbeder, L'amour dure trois ans)

7h38
Je me mire dans le gigantesque miroir aux dorures ostentatoires qui trône dans le vestibule de SF, la société où je bosse. Je ne peux m’empêcher d’être bêtement satisfait de l’image élégante et luxueuse que je renvois. Mon uniforme de travail est un costume HACKETT Bespoke à rayures tennis. Chemise blanche sur mesure WILLMAN à col napolitain et double boutonnage, cravate en twill de soie à motif caviar HACKETT. Bretelles à pattes, en soie noire Ralph Lauren. Mi-bas sombres de chez Gallo et Richelieus "Anthony DELOS" noires, à bouts glacés…
C’est ainsi chaque jour de la semaine ! Je suis ce que je porte, c'est-à-dire : rien !! Une personnalité sans intérêt ! Je me pare de frusques horriblement chères pour dissimuler à ceux qui me côtoient l'insignifiance de ma vie !
Blasé, rongé par la lassitude, plein d’une lâcheté qui m'empêche d'être "Moi", je me réfugie dans ce qu’on appelle la bienséance ; une bienséance de façade qui m’empêche de tout foutre en l’air !
Alors ?
Alors… je continue de me mater en souriant.

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