Mardi...



Elle quitte la maison en claquant violemment la porte. Cette façon brutale de couper court à une discussion qui n’a que trop duré me fait un peu chier mais finalement, le fait qu’elle mette un terme à cette connerie de dispute est un véritable soulagement. On s’engueulait déjà depuis plus d’une heure, et nous étions indiscutablement en manque de saloperies à nous balancer à la figure. Bref, si Sofia n’avait pas bassement fuit notre foyer pour échapper à ma vindicte… il est fort probable que "mes" cendriers Hermes et "son" Baccarat se seraient retrouvé en milles morceaux sur le sol.
Cette foutue engueulade m’a mis chaos. J’ai le vertige, les mains moites…
...C'est toujours la même histoire !! Quand nos "humeurs" se dissipent, je ne me rappelle jamais le pourquoi de ces cris, de toute cette hystérie ! Seuls, restent imprimés dans mon esprit ces instants effrayants ou tout bascule. Quand, tout ce qui constitue ma personnalité, mon originalité, devient "excuse" pour qu'elle me déteste... ce moment ou subitement, elle ne voit en moi qu'un p'tit connard !…Quand la haine se substitue aux sentiments amoureux...
Dans de pareils instants, on a vite fait de rechercher dans le désordre de son passé, une excuse à ce qui pourri notre présent. Pour ma part, j’avoue m’être pris les pieds dans une vision absurde, imprudente et dénaturée de la vie, telle que je l’ai lue, rêvée dans mes lectures d’ado, buvant littéralement les ouvrages suavement romantique de F.S Fitzgerald ou d’E.M Forster.
Bon sang ! Ces dix dernières années ont défilées à vitesse grand V.
Il m'est dur d’admettre que je suis devenu prisonnier des efforts que j'entrepends dans l'espoir d'être heureux ! Ma vision, fondamentalement optimiste de l’avenir, est bizarrement proportionnelle au pessimisme de mon quotidien... Sentimental, idéaliste, passionné, je suis aussi devenu au fil du temps, pour ma compagne, une saleté d'autocrate !!!Au bout de la rue, la silhouette de Sofia a complètement disparu. Croyez-le ou non, mais juste avant qu’elle ne franchisse le seuil de la maison, au moment où sa colère et ses frustrations commençaient à déformer les traits si réguliers de son visage, mon sexe s’est mis à se tendre dans mon jean ! Pourquoi faut-il toujours que dans ce genre de joutes verbales où l’on se jette à la tête une avalanche d’injures, mon corps soit toujours en décalage avec mon esprit.Je n’ai pas vu le mal venir, nos divergences s’installer.
A la naissance de Prune tout s'est accéléré et la métamorphose de Sofia, d’amante en mère, n’a rien arrangé ! Pour des tas de raisons , j’ai détesté cette garce procréatrice...Avant que mon esprit conçoive combien il serait stupide que je la perdre, elle réapparaît aussi soudainement qu’elle était partie. Alors qu’elle se jette dans mes bras, il me vient à l’esprit une phrase de Sacha Guitry, qui dit à peu près ceci : ce qui fait rester les femmes à nos cotés, c’est la peur que l’on soit tout de suite consolé de leur départ.
Hé, hé !! Quel beau salaud, je fais !Quand elle s'arrête près de moi, une traînée de FlowerbyKenzo remonte jusqu’à mes narines et fait exploser dans mon cerveau, une myriade de souvenirs licencieux. J’ai envie d’elle, tout de suite… maintenant sur le carrelage !
Mais… merde ! Pourquoi faut-il que dans ce genre de situation où rien ni personne ne peut mettre en doute le fait qu’en fin de compte nous nous aimons, mon corps soit toujours en décalage avec mon esprit…


(La grande chance qu’on les gens mariés, c’est qu’ils ont quelqu’un contre qui se blottir - Frédéric BEIGBEDER)

Aucun commentaire: